la guerre des pauvres

 

Eric Vuillard

 

En 2020, la Cie Il va sans dire a décidé de prolonger le travail engagé au travers des “Premiers Chapitres “ autour de l’écriture d’Eric Vuillard.

Au sortir d’une année 2019 où l’état insurrectionnel  a été frôlé, le roman d’Eric Vuillard est l’occasion de se demander comment un auteur ou un comédien peuvent y faire écho.

Avec la Guerre des Pauvres, Eric Vuillard semble trouver un élément de réponse. 

 

Il ressuscite dans cet ouvrage la parole de Thomas Muntzer, un prédicateur de la fin du Moyen Âge, témoin révolté de l’injustice cléricale qui l’a privé de son père.  

 

L’avènement de l’imprimerie, la Réforme de Luther et la traduction de la Bible, nourrissent cette soif de revanche jusqu’au fanatisme. Bien sûr son entreprise va échouer.

Le jeune Thomas, se lève et parle : de ce qu’il connaît, de ce qu’il espère pour le peuple, d’un Dieu qui parle la langue des hommes, d’une Église qui ne vole plus les pauvres, d’un pouvoir au service de ses citoyens. Mais Muntzer n’est pas le premier résistant, ni le dernier. Muntzer est un de ces hommes qui se lèvent. 

 

Vuillard regarde par sa fenêtre et il voit des Muntzer en puissance. Il regarde dehors et il voit des hommes en prise avec le monde, en train de le façonner.

 

Ce roman offre l’occasion de se demander ce qu’est un homme.

 

Au plateau, le travail s’organisera autour d’un duo voix-guitare. La comédienne Marion Bajot et le musicien Stéphane Morisse construiront une chambre d’écho pour faire entendre la langue structuré et exigeante d’Eric Vuillard. 

« Il n’y a pas de narrateur dans la vie réelle, il y a des individus qui sont pris dans un mélange de connaissances et d’ignorance et qui se dirigent, notamment dans une émeute, comme ils le peuvent au milieu du chaos. »

 

« La littérature est toujours dans un après-coup, et dans cet après-coup, quelque chose de la vie réelle fatalement lui échappe. Et même au-delà de ça, le confort dans lequel est celui qui écrit l’empêche de savoir réellement quelque chose qui se passe réellement. » 

 

Eric Vuillard

 

Oui, il s’agit de ça, d’une tentative désuète, et fondamentale de comprendre, le chaos, la révolte, la colère, le renoncement, l’acceptation et l’assujettissement.